2018 en… 12 livres

depuis un moment déjà, je photographie chaque livre lu à l’endroit précis où il se trouve une fois la dernière page tournée. souvent il y a des draps, des couvertures et beaucoup, beaucoup d’oreillers. une “série” qui au départ n’en était pas une et croise mon obsession pour les chambres d’hôtel, mais c’est une autre histoire.

dans le dossier “2018 books” de mon ordinateur, il y a beaucoup de livres d’un autre siècle, des poétesses russes, des journaux de peintres et d’écrivains, susan sontag (comme chaque année), roland barthes (idem), des romans graphiques qui pèsent trop lourd pour les lire allongée, des auteurs qu’on dit “jeunes” alors qu’ils sont bien plus vieux que moi, pessoa, max blecher, des essais sur le cinéma, clarice lispector, des scandinaves, des africains, des textes sur le rêve, des écossais, des japonais et beaucoup, beaucoup trop d’ouvrages de et sur la photographie.

parmi tous les livres passionnément aimés en 2018, en voici 12 publiés durant l’année, que je place sur le haut de ma pile photographiée. sachant que les piles de livres à côté du lit, on sait bien comment ça finit: on trébuche dessus en pleine nuit, tout s’effondre et il faut tout recommencer.

 

ROOM TO DREAM, de david lynch & kristine mckenna
(canongate)
[en français chez jc lattès]
parce que lynch
parce que le rêve
et que ce livre j’en ai rêvé

 

LA PREMIÈRE ANNÉE, de jean-michel espitallier
(inculte)
jean-michel partage son prénom avec basquiat
(je ne sais pas ce qu’il pense de ça mais c’est important pour moi)
il est poète, vraiment
il a un sourire doux et porte souvent des chemises à fleurs
c’est tout ce que je peux vous dire sans me mettre à pleurer.
“la première année” est une plongée dans l’inconnu.
le journal d’un deuil.
elle s’appelait marina.

 

AULETRIS, d’anaïs nin
(finitude)
un garçon insistait pour que je redonne une chance à bounine que je trouvais exaspérant
j’ai rigolé en disant que je préférais nin
ça m’a donné envie de relire VENUS EROTICA
soudain je me suis souvenue de ce petit recueil de textes en partie inédits (en français) que les éditions finitude avaient eu le flair et la gentillesse de m’envoyer*.
j’ai embarqué les deux avec moi en voyage, bounine et nin,
le russe obsédé et l’américaine délurée
et décidément je trouvais ça très drôle de les imaginer dans le même sac à dos.
(humour de classe prépa, je sais)
tout ça pour dire que si vous aimez avoir le rouge aux joues
planquez-vous quelque part
et lisez anaïs.

* ouvrage que vous verrez peu passer sur instagram & facebook puisqu’ils censurent systématiquement toute apparition de cet couverture qu’ils jugent pornographique

 

SORCIÈRES, LA PUISSANCE INVAINCUE DES FEMMES, de mona chollet
(zones)
mona chollet incarne à mes yeux un féminisme brillant & contemporain.
je suis fascinée par la finesse de sa pensée, la précision de son propos, son obstination à creuser, à étudier, à mettre en perspective, pour livrer des textes incroyablement denses tout en étant parfaitement limpides, l’inscription de son travail dans le temps long plutôt que dans la réaction…
je l’ai découverte en 2012 avec BEAUTÉ FATALE, sous-titré “les nouveaux visages d’une aliénation féminine”,
puis il y a eu CHEZ SOI,  “une odyssée de l’espace domestique”.
depuis SORCIÈRES, paru à la rentrée et très médiatisé, je vois son livre un peu partout, entre des mains très différentes et cela me réjouit.
des femmes de tous les âges, des (jeunes) hommes, aussi.
des ami.e.s et des petits frères qui remontent chronologiquement sa biographie et débarquent à chacun de nos rendez-vous avec un nouveau “mona chollet” dans la poche.
j’aime l’idée que mona chollet soit la leader non revendiquée de notre révolution discrète.

 

L’ENLÈVEMENT DES SABINES, d’émilie de turckheim
(héloïse d’ormesson)
dans le roman d’émilie – qui est sublimement un peu dingue – il y a:
une apprentie poète
une poupée gonflable aux seins beaucoup trop gros
un metteur en scène qu’on croirait sorti des pages théâtre des inrocks
une mère épuisante
des idées folles qui s’entrechoquent
des mots furieux
c’est génial:
à réveiller les monstres.
(je croise les doigts pour qu’il reçoive le prix anaïs nin le 12 février prochain).

 

ACTIONS SCANDALEUSES & REBELLIONS QUOTIDIENNES, de gloria steinem (éditions du portrait)
réflexions concrètes et toujours d’actualité sur les conditionnements en matière de rapports femmes-hommes,
couchées sur papier dans les années 60
par une grande journaliste de terrain refusant de séparer les luttes
(lutte des classes, anti-raciste, féministe):
diablement intellectuellement stimulant.

LA FEMME A PART, de vivian gornick
(rivages)
récemment sur un plateau télé un confrère m’a balancé:
“de toute façon toi, t’aimes les vieux”.
c’était dit comme une moquerie, je l’ai pris comme un compliment.
on discutait des séries “grace & frankie”, de “la méthode kominky”, de glenn close et de robert redford qui selon moi méritaient tous un golden globe.
ça n’avait rien à voir puisqu’on n’était pas du tout là pour parler littérature, mais j’ai soudain eu très envie de raconter par le menu
l’incroyable vie de vivian gornick
qu’elle a la tendresse de partager avec nous dans ce texte génial.

CHANTAL AKERMAN, DIEU SE REPOSA MAIS PAS NOUS, de jérôme momcilovic
(capricci)
chantal akerman, réalisatrice, est partie bien trop tôt, en 2015,
elle qui pourtant savait étirer le temps comme personne.
au cinéma du moins.
jérôme momcilovic, critique, ne s’est pas remis de cette disparition et il fait des fantômes, des questionnements et des réflexions qui le hantent un livre court et magnifique,
comme la vie de chantal akerman.

 

DE LA MUSIQUE, CONVERSATIONS, de haruki murakami & seiji ozawa
(belfond)
une discussion entre murakami, l’écrivain amateur de jazz, de chats et de bizarreries poétiques délicieuses et le grand chef d’orchestre seiji ozawa. inutile d’être érudit pour se laisser bercer. une simple sensibilité – ou une curiosité – pour la musique classique sont les seuls bagages requis.
personnellement j’ai lu le texte un vendredi après-midi
(que j’avais rebaptisé “dimanche”),
en écoutant studieusement chaque morceau mentionné,
enfoncée dans mon canapé,
avec un verre de whisky japonais
et en face de moi un poster de bill murray.
(peut-être même qu’il y avait en arrière-plan sur mon ordinateur un feu de cheminée netflix)
eh bien les amis, comme dirait quelqu’un que j’aime énormément:
c’était une expérience d’un autre monde…

 

DEVOTION, de patti smith
(yale university press)
[en français chez gallimard]
j’ai découvert les mots de patti smith des années avant sa musique dont j’ignorais tout.
depuis je guette avidement ses écrits.
le respect immense (la dévotion) que lui inspire l’acte de création,
la simplicité avec laquelle elle s’interroge et retranscrit ses émotions
n’en finissent pas de m’émouvoir.

 

LETHAL WHITE, de robert galbraith
(sphere)
[en français en avril 2019 chez grasset]
parce que j’adule jk rowling*
et que je suis amoureuse de cormoran strike**.

précisions pour les moldus:
* la génialissime inventrice de harry potter et l’auteure derrière robert galbraith
** le vétéran détective londonien unijambiste ultra sexy aux allures de boxeur

LES RONCES, de cécile coulon
(le castor astral)
j’aimerais boire un verre en amérique
avec raymond carver,
richard brautigan
& cécile coulon
on partirait pêcher la truite
et on manquerait de se noyer
parce qu’on aurait trop bu.
(mais tout finirait bien)

 

 

2018 en…

12 portraits

12 nuits

12 films

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