
Cette année, pas une seule main aux fesses. Pas de sein effleuré. Aucune caresse forcée. “Juste” une paume un peu trop bas dans mon dos tandis qu’à l’oreille un quasi-inconnu susurre : « Si des hommes te font chier, surtout, tu me le dis. » Presque pas de moqueries quant à mes appareils photo légers de la part de mes confrères plus lourdement membrés. Beaucoup de tapes sur l’épaule, en revanche : « Alors les femmes, vous kiffez ? Profitez-en c’est votre année ! »
Photographier, c’est dire « je te vois ».
Presque « je te veux ».
C’est prendre le pouvoir, même pour quelques secondes.
Emprunter quelque chose dont on devient le maître.
J’ai parfois dit « déshabillez-vous ». « Regardez-moi dans les yeux.»
Et quand on m’a défiée, j’ai insisté.
Photographier, c’est gagner l’autorisation de s’approcher.
De part et d’autre de la caméra, une histoire de vulnérabilité.
Female Gaze”, mon journal cannois, en texte et en image, est à retrouver dans le numéro estival de la si belle revue de cinéma La Septième Obsession.
